L'abbé Lamblin, figure remarquable du village, exerça pendant 46 ans comme curé de Boux sous Salmaise au milieu du XIXème siècle. Très dynamique il fut notamment à l'origine de la création du chemin de croix dans l'église ainsi qu'à un ingénieux système de contrôle de l'horloge depuis le presbytère.
Extrait des registres de la Fabrique concernant le chemin de croix
Le dimanche douze octobre mil huit cent quarante cinq, nous Zacharie de la Borde, vicaire général,
En vertu de l’autorisation d’établir le Chemin de Croix dans le Diocèse de Dijon à nous accordée par le Souverain Pontife d’heureuse mémoire Léon XII en date du deux mars mil huit cent vingt huit,
De l’autorité de Monseigneur François Victor Rivet, Evêque de Dijon,
Avons établi et établissons par les présentes les quatorze stations du Chemin de Croix dans l’église paroissiale de Boux avec pouvoir de gagner toutes les indulgences que les Souverains Pontifes ont coutume d’accorder aux fidèles qui font ce saint exercice.
Fait à Boux les jours et an ci-dessus en présence de l’abbé Lamblin curé de la paroisse, de monsieur le Curé de Jailly l’abbé Son, de monsieur le Curé de Salmaise l’abbé Quanquin, de monsieur le Curé de Frôlois l’abbé Corbolin, de monsieur le curé d’Hauteroche l’abbé Corbolin, de monsieur le Curé de Villy l’abbé Tainturier, de monsieur l’abbé Lequin professeur au petit séminaire d’Autun soussignés et de toute la paroisse.
Suivent les signatures de tous ces Messieurs …………………………….
Copie du procès-verbal de l érection du Chemin de la Croix dans l’Eglise
Le dimanche des Rameaux 21 mars 1880, nous Pierre Lamblin, Curé de Boux soussigné, Délégué (comme il consiste par la copie ci-dessus de l’Ordonnance épiscopale) pour ériger les XIV stations du Chemin de Croix dans l’Eglise de Boux avec application des indulgences accoutumées, par Monseigneur François Victor Rivet, évêque de Dijon qui a reçu par un rescrit de Sa Sainteté Pie IX en date du 22 juin 1855, le pouvoir d’ériger pendant toute la durée de son épiscopat les dites stations dans les Eglises et chapelles du Diocèse de Dijon et de déléguer à cet effet les Vicaires- Généraux, les Curés des Paroisses ou tout autre Prêtre bien connu de sa Grandeur, avons érigé dans la susdite Eglise de Boux, à la suite des Vêpres ,les quatorze stations du Chemin de la Croix avec application des indulgences accoutumées.
La cérémonie a été terminée par la bénédiction du Très Saint Sacrement avec l’Ostensoir.
Faisaient partie de la nombreuse assistance, messieurs Etienne Arbey propriétaire, Antoine Auguste Thuillier instituteur, Jacques Guyon et Jacques Lombard propriétaires, tous les quatre de la paroisse de Boux et ont signé avec nous le présent procès- verbal après que la lecture leur en a été faite
Mécanisme d'horloge de l'église
Vers 1870, l’abbé Lamblin, pénétré de cette vérité que le temps dont nous disposons nous est compté, et que pour le bien employer il faut pouvoir le mesurer, eut la louable ambition de faire jouir ses fidèles d’un instrument qui ne leur permit plus l’inexactitude à venir rendre à Dieu des hommages qui entretiennent chez l’homme le sentiment de sa supériorité sur le reste de la création.
Mais comme M. le curé Lamblin est le premier pauvre de sa paroisse, comme il ne pouvait pas demander à ses ressources personnelles l’accomplissement de sa généreuse pensée, il s’adressa à son intelligence, et au lieu de faire un achat impossible pour lui, il chercha à réaliser la tâche qu’il s’imposait, par la simplification des organes mécaniques en usage, dans l’espoir, surtout, que peut-être ce bienfait pourrait, par la suite, s’étendre à beaucoup d’autres communes aussi démunies que la sienne. Il imagina un système bizarre d’horlogerie. Après beaucoup de recherches, il réussit à installer dans le clocher, une horloge de sa propre fabrication et se composant principalement d’une multitude de fils de fer, de cailloux de diverses grosseurs, de plumes et de morceaux de liège…..
Une autre plus petite avait été installée dans le presbytère et était mue par celle du clocher au moyen d’un fil de fer passant au dessus des maisons et de la rue. Il paraît que tout marchait admirablement et on raconte que beaucoup d’horlogers, surtout de Paris, vinrent voir cette si curieuse horloge. Le cadran avait été peint directement sur le mur par le curé lui-même, et les aiguilles étaient faites de simples planches de bois taillées en forme de flèches. L’abbé Lamblin mort, personne ne put faire marcher l’horloge, qui fut détruite à son tour. En 1950 on pouvait encore voir une aiguille qui avait survécu.
Pour son invention l’abbé Lamblin reçu de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale fondée en 1802, une médaille d’argent qui lui a été délivrée dans la séance générale du 7 mai 1851.
Nécrologie de Monsieur l’abbé Pierre Simon Lamblin; par J.B. Lucotte curé de Frolois le 13 octobre 1884
Né le 27 octobre 1811 à Villy en Auxois, était le fils de Barthélémy Lamblin et de Marie Son. Les familles Lamblin de St Hélier et Son de Villy, sont des familles très anciennes, dont les membres ont donné plusieurs fois des preuves extraordinaires de courage chrétien.
Pour ne citer que ce seul fait remarquable, Barbe Son, et sa sœur Marthe Son, toutes les deux ses grandes tantes, arrachèrent, dans les premiers mois de 1794, l’abbé Godot des mains de trois forcenés révolutionnaires, qui conduisaient ce confesseur de la foi tout revêtu de ses ornements sacerdotaux au district de Semur en Auxois. Deux ou trois jours après cet acte mémorable de courage, vingt cinq gendarmes vinrent prendre les deux héroïnes et les conduisirent à Semur. Elles furent condamnées à mort et elles allaient subir la peine capitale lorsqu’on apprit la mort de Robespierre. Elles furent immédiatement mises en liberté.
L’abbé Pierre Son, curé de Villy, oncle et parrain du jeune Lamblin, le prit chez lui, dès sa plus tendre enfance, le forma de bonne heure à la vertu, lui fit commencer ses études secondaires, l’envoya successivement au petit séminaire de Plombières et au grand séminaire de Dijon. Pendant le cours de ses études, l’abbé Lamblin montra une grande aptitude pour toutes les sciences exactes, mais surtout pour la mécanique et l’astronomie.
Aussitôt après son ordination de la prêtrise, il fut nommé curé de Val-de-Suzon, ou il ne demeura que deux ans environ. En 1838, il vint remplacer l’abbé Jean-Baptiste Mignot, curé de Boux et de Thenissey, décédé. Il est resté curé de cette paroisse pendant quarante six ans, puisqu’il est mort au presbytère de Boux, le 7 octobre 1884, avec sa pleine et entière connaissance et dans des sentiments admirables de foi et d’amour de Dieu, muni de tous les secours de la religion.
Jeudi dernier, Monsieur l’abbé Régnier, curé doyen de Flavigny, assisté de treize prêtres du canton et de deux du canton de Vitteaux, conduisait ses restes mortels à leur dernière demeure, dans le cimetière de Boux. Malgré l’occurrence fâcheuse de la foire de Salmaise, qui se tenait ce jour là, le nombre des personnes qui suivaient le convoi et qui ont assisté à tout l’office solennel des morts, était si grand que la moitié de l’église de Boux était remplie d’hommes et l’autre moitié de femmes venus non seulement de Boux et de Thenissey, mais encore de tous les pays voisins sans exception, pour témoigner leur attachement au cher défunt.
Avant l’absoute, M. le doyen de Flavigny est monté en chaire pour faire brièvement l’éloge funèbre de l’abbé Lamblin : « Hier, a dit l’abbé Régnier, je sortais de Jailly, lorsqu’un vieillard de cette paroisse m’a abordé en me disant : il est donc vrai, M. le doyen que M. le curé de Boux est mort ? – Oui malheureusement, ai-je répondu, cela n’est que trop vrai. Eh bien a continué mon interlocuteur, vous avez de bons prêtres dans votre canton M. le doyen, mais vous n’en avez certainement pas un seul qui soit meilleur que M. l’abbé Lamblin ! »
Après cet exorde simple et touchant, M. le doyen de Flavigny a posé en principe que le prêtre en général et le curé en particulier était établi pour prier Dieu, édifier les fidèles, les instruire et leur administrer les sacrements de l’Eglise. Puis il a rappelé à ses nombreux et attentifs auditeurs la fidélité avec laquelle M. le curé de Boux a constamment accompli ses quatre principaux devoirs de la vie sacerdotale.
Dans les courses fréquentes qu’il était obligé de faire chaque semaine à Thenissey son annexe, à Presilly, à Bouzot et aux Bordes, hameaux de sa paroisse, il trompait la longueur du chemin par la prière. Des raisons de force majeure pouvaient seules le déterminer à ne pas célébrer tous les jours le saint sacrifice de la messe.
Il a toujours édifié ses paroissiens par la pratique de toutes les vertus chrétiennes et tous savent qu’à l’exemple de Jésus-Christ le divin modèle du prêtre catholique, il a vécu pauvre et il est mort pauvre. Tous les dimanches, souvent même deux fois, il rompait à ses paroissiens de Boux et de Thenissey le pain de la parole de Dieu. Le jour et la nuit on le trouvait disposé à voler au chevet des malades pour leur porter les secours de la religion et leur administrer les sacrements de l’Eglise. Il ne faisait acception de personne ; on peut même dire que s’il avait des préférences, elles étaient pour les petits, pour les déshérités des biens de ce monde. Son dévouement était sans borne aucune, et tout le monde sait qu’il a épuisé sa santé et hâté la fin de ses jours en soulageant plus que ses forces ne le lui permettaient de grandes infirmités physiques et morales.
Les larmes qui coulaient de tous les yeux et les sanglots de l’assistance ont prouvé à M. le doyen que ses paroles étaient allées au cœur de ses auditeurs et que M. l’abbé Lamblin était estimé et aimé de tous ses paroissiens de Boux et de Thenissey.
Le corps du cher et bien aimé défunt reposera jusqu’à la résurrection générale à l’ombre de l’arbre de la croix, dans le cimetière de Boux, à côté de celui de son oncle, M. l’abbé Pierre Son et de ceux de messieurs les abbés Antoine Delachaume et J.B Mignot, ses prédécesseurs depuis la Révolution