Famille de l’Estrade de la Cousse d’Arcelot
Armes de la famille de l’Estrade de la Cousse en Périgord
« D’or à une fasce d’azur chargée de trois étoile d’or accompagnée de trois mouchetures d’hermines de sable 2 en chef et 1 en pointe »
Les de Lestrade sont de bonne noblesse. Elle est attestée dès 1410 par la naissance de Bernard de l’Estrade qui prendra la qualité de chevalier dans son contrat de mariage du 11 avril 1439 avec Marie de Robertie. Ce contrat est signé de haut et puissant prince Jean, duc de Bretagne, comte du Périgord, vicomte de Limousin et passé en sa présence. Il est pourtant certain que cette noblesse est beaucoup plus ancienne puisqu’on trouve dans les abbayes du comté de Périgord, plusieurs chartes des 12ème et 13ème siècle qui font mention des fondations faites par les anciens seigneurs de ce nom.
Le premier à établir une branche en Bourgogne sera Alain de Lestrade de la Cousse, baron d’Arcelot, second fils de Jean III du même nom et de Françoise de Reilhac restés en Périgord.
Il modifie ses armes : le fond passe de l’or à l’argent
- « D’Argent à la fasce d’azur chargée de trois étoiles d’or, accompagnées de trois mouchetures d’hermines de sable, deux au-dessus, une en pointe »
Supports : deux palmes – couronne de Marquis
Il quitta le nom de Lestrade et ne signa que de celui de la Cousse. Il eut mille livres pour sa légitime dont il donna quittance à François de l’Estrade, son frère en date du 2 décembre 1608. Il fut amené en Bourgogne en qualité de capitaine de cent reitres en l’an 1581 (les reîtres sont une cavalerie légère d'origine germanique apparue dans les années 1540 à la suite de l'invention du pistolet à rouet qui permettait le tir en selle et l"abandon de la lance), lors de l’assemblée des Etats de Bourgogne par le duc de Mayenne, gouverneur de la province. Son mérite et sa valeur lui firent obtenir une charge de capitaine de cent hommes d’armes et il épousa par contrat passé devant Jean Clopin, notaire royal le 2 mai 1599 Claude Françoise de Baissey, fille et unique héritière d’André de Baissey, issu d’une maison originaire d’Amsterdam, chevalier de l’ordre du roi et de Claude de Marmier. Petite fille d’Antoine de Baissey, chevalier, baron de Treschâteau, Bourberan et lieutenant pour le roi dans le duché de Milan, colonel de 14000 suisses, capitaine de 100 hommes d’armes et aussi bailli de Dijon.
A la voûte d’une salle haute, dans un bâtiment du XVe siècle, seul vestige de l’ancien et important château de Til-Chatel canton d’Is-sur-Tille, Côte-d’Or, se voient encore les armes de cette famille ancienne et considérable qui a donné un archevêque de Besançon, et un des abbés généraux de Cîteaux. Les archives de la Côte-d’Or possèdent de nombreux documents sur cette famille bourguignonne, originaire de Hollande. Guillaume, fils d’Hosterdam, vint s’établir en Bourgogne et reprit en 1229 le fief de Bessey-les-Citeaux dont il prit le nom. Les membres de cette famille remplirent d’importantes fonctions sous les ducs de Bourgogne et le plus illustre fut Antoine.
Antoine de Baissey, baron de Til-Châtel, seigneur de Longecourt, de Brazey, de Chaume, de Précy-le-Grand et de Saint-Jean-de-Losne, comte d’Arena et de Stilo en Calabre, avait d’abord été écuyer de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Fils de Jean, tué à la bataille de Morat le 22 juin 1476, il oublia le sang paternel versé pour la cause de ce prince, et s’attacha corps et âme à Louis XI qui le combla de richesses et d’honneurs, le faisant son conseiller et son chambellan et, le 28 juillet 1477 le nommant bailli de Dijon. C’est sous ce titre qu’Antoine de Baissey est nommé dans la plupart des récits de l’époque. Capitaine d’une compagnie de gendarmerie des ordonnances, il fut également colonel des Suisses et lansquenets. Parlant couramment allemand, il fut envoyé plusieurs fois en ambassade en Suisse. Il connaissait bien ce pays et débaucheur d’hommes, redoutable et sans scrupules, il enrôla des Suisses, à plusieurs occasions dès 1495. C’est à la tête de ses 20.000 Suisses qu’il servit Charles VIII dans l’expédition de Naples et prit part à la bataille de Fornoue. Il fut nommé à diverses reprises ambassadeur extraordinaire auprès des Ligues helvétiques, et on lui doit le traité de Lyon, conclu avec les Valaisans, en 1500. Antoine de Baissey avait épousé Jeanne de Lenoncourt, fille de Philippe, chambellan du Roi et grand écuyer de René, roi de Sicile, et nièce de Jean de Baudricourt, maréchal de France (1486), gouverneur de Bourgogne et de Champagne, ambassadeur auprès des cantons suisses.
De ce mariage naquirent 5 enfants dont :
- Gaspard : nommé le Chevalier de la Cousse, tué dans le château de Tronchant par Galas qui commandait l’armée impériale allemande au siège de St Jean de Losne.
- François : Appelé le chevalier d’Arcelot, gentilhomme de la reine, mère de Louis XIII, tué devant Nancy, sans alliance.
- Jean- Baptiste : Chevalier de l’Ordre de St Jean de Jérusalem, ainsi qu’il résulte de l’acte du 31 janvier 1637, reçu par Béruchet notaire royal et du testament de sa mère fait le 10 septembreb1631. Il mourut en 1651.
- Anne : Mariée au marquis de Trailly, colonel d’un régiment de son nom et chef d’escadre sur les mers du Ponant.
- Charles de la Cousse, chevalier, baron d’Arcelot, ainsi qualifié par arrêt du roi rendu en son Conseil Privé en date du 27 août 1650, servit pendant près de 20 ans dans le régiment du prince de Conti et dans celui de Trailly en qualité de capitaine. Il commandait le régiment du marquis de Trailly, son beau frère, près du pont de Sainte Menehould le 29 janvier 1639, quand Galas, Général de l’armée impériale allemande était venu faire le siège de Saint Jean de Losne. Le 25 Octobre 1661, Charles de la Cousse qui était dans son château de Tronchant, se jeta dans cette ville avec le sieur de Trémond, fit prendre les armes aux habitants et la défendit si glorieusement qu’il força le général allemand d’en lever le siège le 3 décembre suivant. Galas apprenant le nom du propriétaire du château de Tronchant, pour se venger, le prit d’assaut et le brûla après avoir massacré Gaspard de la Cousse qui le défendait avec les habitants de ses terres. Charles de la Cousse épousa en 1638, Jeanne de Malain, fille unique de Jean, baron de Malain, seigneur dudit lieu et de Savigny et de Michèle de Bouvot. De cette union, trois enfants naquirent :
- Julien et Charles, religieux et :
Gaspard de la Cousse : chevalier, baron d’Arcelot, Alcade de la Chambre de la noblesse de Bourgogne en 1677. Il mourut très jeune. Il avait épousé par contrat du 6 août 1674, Marie du Jarry de la Jarrie, fille de N. du Jarry de la Jarrie, seigneur de la prévôté de Cessey, écuyer de la Grande Ecurie et de Marie Lemullier. Elle se remaria à Claude d’Orsan, chevalier, baron d’Orvain. De son mariage il eut deux fils :
- Joseph François de la Cousse : dit le Chevalier d’Arcelot, chevalier, Grand-Croix de l’ordre de St Louis et ancien colonel du Régiment de Poitou. Il servit son prince pendant 52 ans, avec distinction, se trouva aux sièges de Casal en Italie et de Fribourg en Brisgaw où il commandait le régiment. Il prit une demi-lune d’assaut où il y eut plus de 20 officiers tant tués que blessés et où lui-même courut grand risque de sa personne. Cette action lui attira l’admiration de toute l’armée et l’éloge du Maréchal de Villars, son général. Il se trouva aussi aux batailles de Malplaquet, d’Huninge et d’Oudenarde, fit ensuite les campagnes de Bohême, de Bavière et d’Italie où il se distingua particulièrement dans la guerre de 1741. Il commanda son régiment à l’affaire du Château Dauphin en Pièmont, où il montra combien il avait acquis d’expérience de la guerre, par la bonne contenance qu’il fit en montant à l’assaut malgré son grand âge, se trouva encore aux batailles de la Madona, de Loulme et du Tanaro. Il se retira du service en 1748 à cause de ses infirmités avec l’estime et la reconnaissance de son prince, les regrets de tout son régiment, tant officiers que soldats. Le roi lui accorda 1.000 livres de pension pour récompense de ses services. Il est mort à Rethel-Mazarin en Champagne où il s’était retiré le 11 mai 1770 âgé d’environ 97 ans.
- Jacques de l’Estrade de la Cousse : Chevalier, baron d’Arcelot, seigneur de Boux, Présilly, Les Bordes, Bouzot, la Tour Charotte. Ancien capitaine aux régiments de Tournon et de Poitou dans lesquels il servit avec distinction l’espace de 15 ans. Il se trouva au siège de Nice où il fut dangereusement blessé. S’étant retiré du service, il fut maintenu et admis dans le catalogue des Nobles d’Epée par procès verbaux du 21 juin 1700. Il fut ensuite doyen de la Chambre de la Noblesse de Bourgogne où il avait été deux fois alcade, trois fois commissaire et une fois rapporteur aux requêtes. Il est mort en sa terre de Boux en 1752 âgé de 89 ans. Il avait épousé avec contrat reçu par Languet notaire le 20 décembre 1699, Elisabeth de Poussy, fille de Jacques de Poussy, écuyer et de Françoise de Briet. De leur union naquit 2 enfants :
- Françoise : morte sans postérité. Elle avait épousé en 1740, Jean, comte de Lambeyrtye, seigneur de Marval, du Chazeau, d’une très bonne Maison du Périgord. Capitaine au régiment de Poitou, il était Chevalier de St Louis.
- Jacques Joseph de la Cousse : Baron de Lestrade, d’Arcelot, seigneur de Boux, Bouzot, Presilly, les Bordes, la Tour Charotte. Chevalier de St Louis, ancien capitaine au Régiment de Poitou, a servi l’espace de 24 ans, a fait toutes les campagnes depuis 1722 jusqu’en 1746. S’est trouvé au siège de Philisbourg en 1734 où le maréchal de Berwick fut tué, a fait les campagnes de Bohême, de Bavière et d’Italie. Il s’est aussi trouvé au siège de Château-Dauphin en Piémont où il fut dangereusement blessé en montant à l’assaut à côté du Chevalier d’Arcelot son oncle qui commandait le régiment. Il fut aussi aux batailles de la Madona, de Loulme et du Tanaro. Il s’est retiré du service, de l’agrément de la cour en 1746, étant second capitaine factionnaire, avec une pension de 400 livres sur le Trésor Royal, pour récompenser ses services. Il avait épousé au mois de Juin 1746 N… Richarde de Curty, morte peu de temps après son mariage. Il épousa en deuxième noce par contrat reçu par Delau, notaire au Châtelet à Paris le 4 septembre 1748, Madeleine Françoise Pilmier de Montfort, fille unique du marquis de ce nom du comté d’Auxerre, morte le 28 mars 1761 âgée de 32 ans laissant :
- Jacques Madeleine : officier au Régiment de Poitou,
- Joseph-Clair Bruno
- Marie Madeleine Joseph.
Ces enfants encore jeune sont sous la tutelle de leur père
Les terres possédées par cette famille sont en Périgord : La Cousse, Colaure et Verrière.
En Bourgogne : Arcelot, Arceaux, Orgueux, Fouchy, Fouchange, Tronchant, la Tour Charotte, Boux, Presilly, les Bordes sous Salmaise, Bouzot, Chevigny et autres lieux
Rien ne prouve mieux la haute position des seigneurs de la Cousse issus de la vieille noblesse périgourdine et installés ensuite en Bourgogne que l’estime de leurs contemporains que leurs alliances et leurs relations avec les familles les plus illustres de leur époque. Les membres de ces familles s’appelaient pour la Bourgogne : Baissey, Lenoncourt, Vienne, Vergy, Saulx, Malain, du Châtelet, Saint-Belin, Thiard de Bragny, Ragny de la Madeleine, Imbercourt, Lannoy ….
Hotel de la Cousse d’Arcelot : Il est situé rue Vannerie à Dijon ; C’était la maison des anciens seigneurs d’Arcelot
Les seigneurs de Boux sous Salmaise n’émigrèrent pas et ne se montrèrent pas hostiles à la Révolution. Les papiers féodaux, en exécution du décret du 17 juillet 1793, furent tous brûlés dans une séance solennelle, en présence du peuple, devant l’arbre de la liberté sans aucune protestation ni réclamation de la part des seigneurs. Ils parurent même être des partisans enthousiastes de l’égalité. Pendant la terreur, de nombreux passeports et certificats de civisme leur furent gracieusement accordés par le Conseil Municipal.
Au cours de la vente des biens nationaux, les héritiers de l’Estrade sont maintenus dans la possession du domaine engagé.
Le 25 mai 1791 la vente des biens dépendant de la desserte de la paroisse de Boux est adjugée pour 7.000 francs dernière enchère à Monsieur François- Corneille- Honoré de Ligny, ancien capitaine d’infanterie.
25 octobre 1791 : vente d’une pièce de pré provenant de la chapelle St Roch de Boux, finage de Bouzot, à Claude Belin de Boux pour 2000 francs
3 thermidor an IV (27 juillet 1796): Vente au citoyen Verrier de Présilly d’un pré provenant de la confrérie du St Sacrement de Boux pour 250 francs .
21 Nivose an V (10 janvier 1797): Ventes au citoyen Beleurgey, juge de paix du canton de Salmaise :
- D’un pré sur Présilly de l’ex-confrérie du St Sacrement de Boux pour 352 francs.
- De deux petites pièces de pré dépendant de la desserte de Boux pour 352 francs
- D’un bâtiment appelé la Chapelle St Blaise et la terre où elle est construite pour 394 francs.
La vente du domaine engagé de Boux, Présilly et les Bordes eut lieu le 18 ventose an XII (9 mars 1804). Les biens qui le composaient furent soumis à une expertise faite par :
- Claude Questier, propriétaire à Flavigny, nommé par le préfet,
- Pierre Clément, notaire à Flavigny, nommé par la régie,
- François Perrot, notaire à Boux, nommé par Françoise Louise d’Aubigné, veuve de Jacques de l’Estrade, ayant agit tant pour elle que pour ses enfants mineurs.
Les biens furent estimés 11.465 francs.
Jacques- Joseph -Alexis de l’Estrade, comte de l’Estrade, chevalier des ordres militaires de St Louis et de la Légion d’Honneur, capitaine d’état-major de la première division militaire et Sicaire-Armand, comte de Teyssières, chevalier des mêmes ordres, maréchal des camps et armées du roi, demeurant tous deux à Paris, 10 rue du cloître St Benoit, le dernier ayant agi au nom et comme tuteur de Louis Joseph Amédée de Teyssières, son fils mineur, issu de son mariage avec Madeleine- Honorine de l’Estrade, sur la production de diverses pièces et d’après leur soumission turent maintenus dans la jouissance et propriété du domaine engagé à leur aïeul Jacques de l’Estrade, les 18 mai 1706 et 2 décembre 1723, à la charge pour eux de payer aux receveurs des Domaines Nationaux de première origine à Dijon, la somme de 2.866,20 francs faisant le quart de celle de 11.465 francs, montant de l’estimation la plus élevée des experts.
Les acquéreurs du domaine engagé avaient demandé à être maintenus dans la possession du bois de la Feuillerotte ou tout au moins à être indemnisés du défaut de jouissance annuelle des deux arpents concédés à leur aïeul pour le chauffage des fours banaux. Leur demande fut repoussée en ce qui concernait la propriété du bois, mais il fut accordé au comte de l’Estrade et au comte de Teyssières, une indemnité de 6400 francs pour défaut de jouissance.
Ce n’est qu’en 1808 que Jacques Joseph Alexis de l’Estrade quitta Boux pour aller habiter Dijon. Les dames de Ligny, apparentées aux de l’Estrade, restèrent à Boux jusqu’en 1835. Le Comte Louis-Joseph Amédée de Teyssières, fils de Sicaire-Armand, comte de Teyssières, chevalier des ordres militaires de St Louis et de la Légion d’Honneur, alla habiter Paris en 1815.
