Les colombiers ou pigeonniers sont des patrimoines symboliques qui conféraient à la demeure un prestige indéniable.
Dès le Moyen Age, l’intérêt porté à l’élevage des pigeons était d’un bon rapport et ne se limitait pas à leurs capacités de messagers. La chair du pigeon était d’une part un complément en chair fraîche apprécié en venant s’ajouter à la viande bovine, ovine ou porcine qui était salée. Au début du XIII°s. Pigeon s’écrivait Pijon. C’était le jeune oiseau qui seul était mangé – les adultes ayant une chair très ferme.
D’autre part leurs fientes appelées « colombine » représentaient une source très appréciée de fumure pour les cultures et de revenu pour leur propriétaire. Ce bénéfice figure même dans certains contrats de mariage comme apport.
Hervé Mouillebouche dans son étude sur les maisons fortes en Bourgogne, écrit que « les colombiers » commencent à se répandre autour des maisons seigneuriales à partir du XIVème siècle. La maison forte des Laumes (ferme Dubois) qui a appartenu à l’hôpital d’Alise possède un colombier daté de 1668 avec 3800 boulins construit par ledit hôpital.
Les colombiers étaient construits suivant des règles assez strictes pour répondre aux besoins des pigeons et les inciter à y venir et y rester. Les auteurs anciens recommandaient de les établir à l’écart des maisons sur des lieux élevés, avec ouverture de préférence à l’est, ou au midi. Eviter la proximité des grands arbres qui abritent des rapaces. Mais ces recommandations sont la plupart du temps contredites par des implantations dans des cours de domaines à proximité des bâtiments. Il faut prévoir des dispositifs qui empêchent les prédateurs de grimper sur les façades pour accéder aux ouvertures, d’où la présence de bandeaux de pierre en saillie avec la face intérieure profilée en larmier. Ces bandeaux ou « radières » servent également de promenoirs aux oiseaux. On préfère le plâtre ou le mortier de chaux très lisses à l’intérieur comme à l’extérieur. Souvent on trouve des bandes de carreaux vernissés sur les façades. Tous ces dispositifs on le même but : empêcher les fouines, belettes, rats, de venir s’attaquer aux pigeons et à leurs oeufs.
La possession du colombier plus même que le château symbolisait le droit seigneurial de haute justice dans plusieurs coutumes telles que le Nivernais, la Lorraine, la Bourgogne, Bar, Tours ..
A la révolution on voulut tous les détruire. Pratiquement, il y eut des objectifs plus efficaces à réaliser et on n’en détruisit aucun. Les pigeons ont disparu car aujourd’hui ces monuments ruraux sont généralement abandonnés, les habitants ne faisant plus l’élevage de ces volatiles. Les pigeonniers sont restés et nous posent bien des questions sur leurs existences. A Boux, trois pigeonniers carrés existent encore dans la commune, un quatrième existait en prolongement des bâtiments de La Cousse d’Arcelot en face de l’actuelle mairie, il s’est écroulé il y a une soixantaine d’années
En consultant le tome III de l’encyclopédie du XVIIIeme siècle et le répertoire de droit de Guyot, ancien magistrat à la même époque, Edme Huchon de Vitteaux, a trouvé de nombreux renseignements sur la législation concernant ces tours rondes ou carrées que l’on aperçoit un peu partout dans nos campagnes pour une communication en 1971 à la Société des Sciences de Semur intitulée « Nos vieux colombiers de l’Auxois. »
Les lois romaines n’ont pas de disposition au sujet des colombiers ni pour fixer le nombre de pigeons.
En France, on a poussé beaucoup plus loin l’attention sur les colombiers et sur les pigeons. La liberté des colombiers est beaucoup moins restreinte en pays de droit écrit que dans les pays coutumiers. On y a cependant apporté des restrictions et l’usage des différents parlements de droit écrit n’est pas uniforme à ce sujet. Sous l’ancien régime, on peut donc distinguer trois sortes de personnes qui pouvaient avoir des colombiers :
- Les seigneurs hauts justiciers,
- Les seigneurs féodaux qui n’avaient que la seigneurie foncière (les communautés religieuses)
- Les particuliers propriétaires de terres censives (redevances seigneuriales)
Le plus ancien document qui est cité à propos des pigeonniers ou colombiers est une ordonnance de l'année 1338 qui considère le droit d'élever un colombier comme une prérogative seigneuriale. Les pigeonniers étaient construits selon des règles bien définies. Olivier de Serres recommande de privilégier la construction de pigeonniers de plan circulaire: "Je tiens la ronde meilleure qu'aucune autre, principalement à raison de ce que les rats n'y ont tant d'accès qu'à rectangulaires".
Pigeonniers de Boux-sous-Salmaise
Dans le bas du village sur la D.117, en bordure de voirie se voit un pigeonnier carré à étage (3 niveaux) qui est flanqué d’un bâtiment annexe et d’un petit auvent couvert en ardoises. Celui-ci le relie au porche d’entrée dont la construction est postérieure au pigeonnier, ce porche est daté de 1806. Sur la voirie devant le pigeonnier une stèle commémorative. Cette propriété privée a été une tannerie ayant appartenu au moment de la révolution à la famille Arbey. (3 tanneries ont existé à Boux)
Ce pigeonnier a été construit en moellons de pierres avec pierres de taille aux angles des murs, il a conservé son ancien enduit. La toiture à quatre versants avec sa couverture en laves anciennes est coiffée d’un épi de faitage composé d’un socle de pierres et d’une pointe en métal surmontée d’un pigeon. Il n’y a pas de corniche. Le bandeau est en pierres de taille de section carrée. Deux fenêtres d’envol sont visibles l’une côté ouest au- dessus du bandeau et l’autre côté Nord. Les autres ouvertures sont une porte au niveau du sol et une porte à mi-hauteur à laquelle on accède par un escalier en pierres appuyé au mur du pigeonnier. A partir de là, une échelle mobile est nécessaire pour atteindre la porte d’accès au pigeonnier.
Les boulins sont de deux types. Sur les trois premiers rangs ils sont carrés et faits de pierres plates ensuite il y a 13 rangs de poteries sur les quatre côtés du pigeonnier. Sur trois autres côtés, chaque rang comprend douze boulins et sur la quatrième côté environ la moitié, soit au total environ 672 boulins soit 336 hectares de terres. L’arbre est en place avec ses deux potences et son échelle verticale. Ce pigeonnier en bon état, n’a aucun usage particulier. (Les colombiers et pigeonniers de la Côte d’Or de Roger Vandevenne (page 87-89-90,389, 423)
Sur la D.117, dans le haut du village, derrière l’église, se voit un pigeonnier carré à escalier en vis assez élevé, avec trois côtés hors-œuvre de la façade exposée à l’Est d’une habitation privée. Un escalier extérieur en pierres, adossé au pigeonnier part du niveau du sol pour atteindre le premier étage et l’entrée de l’habitation. Ce pigeonnier ainsi que le reste de l’habitation ont été entièrement ré-enduits, les murs sont en moellons. Sa toiture à quatre versants est couverte en tuiles plates et tuiles d’arêtes. Cette couverture était anciennement en laves posées sur une voute en tuf, extérieurement en pavillon mais intérieurement en coupole. Il reste apparemment la base d’un ancien épi de faitage en poteries. La corniche a été remplacée par une gouttière en zinc. Il reste un bandeau en pierres côté Est avec un court retour sur les côtés Nord et Sud. A l’intérieur, l’escalier à vis, devenu dangereux a dû être détruit et remplacé par un escalier en béton qui dessert les niveaux intermédiaires de l’habitation. La petite fenêtre d’envol s’appuie sur le bandeau et deux autres fenêtres sont réparties sur la hauteur de la façade Est. Les boulins sont en poteries (ioules), il en reste une partie. Il y avait à l’origine entre 400 et 500 boulins soit environ 250 hectares de terre.